Fait Main, fabrique de design social

Comment Fait main s’inscrit-il dans ce qu’on appelle le « design social » et de manière général dans le design ? 

Plusieurs éléments rentrent en ligne de mire dans la démarche de l’association et sur le projet Fait Main. Ce qui est intéressant avec Tout Atout c’est qu’elle aborde les projets avec une méthodologie bien à elle et approche ainsi la question du design sous un angle différent de ce qu’on peut voir en Histoire de l’art. Pour parler de « design social », c’est important de comprendre cela car c’est la base du travail de Tout Atout.

Les projets Fait main mettent en lumière trois besoins :

Premièrement le besoin matériel initié par un commanditaire. Que ce soient les besoins d’éclairer une place, de valoriser un espace chaleureux, faire un point de regroupement, ou d’avoir un sol praticable.

Ensuite, il y a un besoin chez les jeunes qui est de s’insérer, d’acquérir des compétences, ou tout simplement de réaliser qu’on est capable de faire quelque chose, et ça c’est un besoin qui est humain.

Et enfin, il y a aussi du côté du public qui découvre leur travail un besoin de rêver, le besoin de ne pas être tout le temps dans la rationalité.

Pour répondre à ces besoins, Tout Atout propose une manière de penser qui part de l’individu pour aller vers le collectif. D’ailleurs, dans le « design social », tel qu’on l’entend aujourd’hui, la question est bien de réfléchir à une innovation afin d’impacter un collectif (société, communauté …).  Quand on regarde ce mouvement artistique, on se rend compte, comme dans toute l’histoire des arts et des techniques, qu’un mouvement n’est que l’évolution « Pokémon » du précédent. Le « design social » c’est un peu le Dragonfeu du design thinking, un courant qui part du principe que c’est en faisant qu’on apprend, que c’est en partant de l’être humain qu’on pourra résoudre les problèmes, pas en partant des problèmes en eux-mêmes.

Et comment on fait de l’innovation sociale ? Comment on définit le social ?

Ce sont des questions qui amènent de nombreuses réflexions.

La proposition que fait Tout Atout, c’est d’avoir des projets qui perdurent dans le temps, qui laissent une trace et qui répondent à une nécessité. Ils ne sont pas que contemplation. Pour rappel, chaque projet est soumis à un cahier des charges stricte avec des contraintes. Ce point révèle la méthodologie de Tout Atout qui part de l’individu, des idées de chacun, de ce qui est possible et impossible, pour aller vers un aboutissement commun. Dans l’histoire du design c’est très nouveau.

Depuis les années 80, on sort du courant qui postule que le design c’est penser la forme, la technique, la fonction et faire travailler les trois ensembles à partir des contraintes. Dans leur travail, les designers ont une problématique a resoudre et chaque designer a son style, sa manière de répondre en fonction de sa créativité et de son expérience. Tout Atout va poser des questions qui ne sont pas en premier lieu la matérialité, mais plutôt de se demander à quelles compétences on va faire appel et comment on va pouvoir les fédérer autour d’un projet et qui va permettre à l’ensemble de l’équipe, les jeunes et les artistes qui ne se sentent pas forcément légitimes, puisqu’il ne sont pas formé à la pédagogie, d’être impliqués et fiers de leur projet commun.  Peut-être que le « design social » peut se traduire par cela, en plus de la qualité esthétique que Tout Atout met toujours un point d’honneur à atteindre.

Chaque projet est pérenne et ce sont vraiment des créations d’Arts Déco. Elles ont leur place dans l’histoire de l’art et de la muséologie dans le sens où on ne va pas seulement chercher à allier le beau à l’utile, à répondre à des techniques industrielles en y collant des éléments artisanaux mais nous allons vraiment partir des compétences des individus et de leurs capacités pour créer un objet. Il est important d’insister là-dessus car Tout Atout a la capacité d’inclure un axe presque universitaire.  Nous ne sommes pas dans une réflexion théorique où l’on se demande toujours le pourquoi du comment mais nous arrivons en conclusion à quelque chose qui libère l’imagination tant des participants que du public qui découvre leur travail. Il y a une porte qui s’est ouverte, et c’est ce dialogue-là qui se crée et qui est important dans le « design social ».

Parfois il y a trop de discours. L’important c’est de travailler ensemble dans un but commun et cela ne s’apprend pas à l’école. C’est pourquoi le travail de Tout Atout est si important à mettre en lumière.

Intervention de Kellye Vasconcelos—L’homme, diplômée d’un Master en muséologie lors de la design week dédiée au design social   

Du mobilier pour l’ESS Cargo

Avec Gwenaël Prost, designer et artiste, Pauline Larcher, artisan vannière et Émeline Delvoye métallière de l’atelier Ouka.

Aménagement de l’espace & création de mobilier pour Askoria

Avec Frédéric Laroche et Gwenaëlle Vinouse, designers de l’Atelier A Quatre , Mickaël Laurent un tapissier d’ameublement, Maxime Roy et Loic Creff des graphistes et enfin une conceptrice de jardins, Cathy Vivies.

Un comptoir modulable pour le 4Bis

Avec Frédéric Laroche / Atelier A Quatre, designer- plasticien, Jean Philippe Lanoé / Atelier Lanoé, ébéniste

Un sol carrelé pour l’Hôtel Pasteur

Avec l’artiste Elise Guihard et un formateur CFA François Burel, Stéphane Pougnand, vidéaste.

Un parcours lumineux pour le domaine de Tizé

Avec Sylvain Descazot, designer, Rosanne Peuron, paysagiste, Vincent Poinsignon, géomètre topographe, Arcam Glass, artisan verrier, Min’Ardoise, un artisan ardoisier, Sebastien Ribreau de Pelleteurs de Nuages en menuiserie, Mr Narboni de l’agence Concepto pour la conception lumière, David Moisan du service éclairage publique de la Ville de Rennes et Mr Heurtin de Tabur pour l’électricité.

Des luminaires pour la place Saint Germain

Avec Alexis Ferron, vitrailliste, Marine Bouilloud, artiste plasticienn, Boris Roudenko métallier et Stéphane Pougnand, vidéaste.

Des vitraux pour le Manoir de Tizé

Avec Alexis Ferron, vitrailliste, Martine Durand Gasselin, artisan verrier, Sébastien Ribreau, menuisier Designer, Marine Bouilloud, artiste plasticienne et des opticiens de l’institut supérieur d’Optique et des scientifiques, Johann Trolès et Sophie Lumineau.

Un service de table pour le Centre culinaire

Avec le designer, Joris Favennec et l'artiste plasticien, Laurent Duthion

Du mobilier pour l’Hôtel Pasteur

Avec Sophie Ricard, architecte et coordinatrice du projet de l’Université Foraine, Guillaume Lenfant, architecte et coordinateur artistique de l’Action, Michael Chéneau, intervenant Design, Olivier Guilbaud, doreur, Patrick Picaud, formateur menuisier aux AIPR (Ateliers d’insertion du pays rennais), Jan Kopp, artiste plasticien

Une signalétique pour le restaurant social Le Perdit

Avec Séverine Lorant, directrice artistique et designer graphique, Sabrina Morisson designer inclusive, Claude Tournade, menuisier et Florence Bignon peintre en lettres, l'ensemble des éléments a été réalisé en concertation avec les salariés et usagers du lieu.